Mon travail en atelier:

- Les grandes lignes -
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Mon travail évolue régulièrement, je quitte progressivement le tournage traditionnel pour un travail plus personnel, je crée dans mon atelier des pièces uniques aussi bien utilitaires que décoratives.

Tourneur en Céramique de formation, j'ai longtemps tourné des pièces à la cote et bien souvent dans un style traditionnel. Il y a quatre ans, une blessure à l'épaule relativement sérieuse m’a donné le temps de réfléchir aux orientations que je souhaitais donner à ma production. Après cette pause forcée, je suis revenu dans mon atelier avec plein d'idées pour donner un tour beaucoup plus personnel à la production.

Des « techniques »:

J'adore mélanger les techniques manuelles. Il n'est pas rare pour une même pièce que j'utilise à la fois le tour, puis le modelage, puis la crouteuse, puis encore le tour...Il m'arrive aussi de fabriquer des petits moules en plâtre afin d'ajouter à une céramique une partie complexe moulée. Pour moi, une belle céramique est souvent une céramique où un grand nombre de techniques se mélangent.

La fabrication:

J'ai longtemps été très rigoureux, aimant la précision, les pièces bien léchées, on pouvait alors se poser la question de savoir si mon travail était manuel ou industriel. Je n'ai pas mis cette précision de côté, je la mets encore plus en évidence en la mêlant harmonieusement à un travail plus personnel et affirmé de mes mains sur certaines portions de mes créations. Il n'est pas rare de voir sur mes céramiques une belle courbe sans trace de tournage, qui prend fin par une partie travaillée à la plaque laissant ressortir les traces du travail manuel ou d'outils divers. Mes différentes céramiques ne font maintenant plus partie de la même famille de part leur stricte similarité mais par une ressemblance, un même style, une même aspiration. Elles sont devenues respectivement uniques tout en formant une unité.

Les terres utilisées:

J'ai longtemps travaillé la faïence avant l'ouverture de mon atelier. J'ai complètement délaissé cette terre qui mise à part sa sonorité, son faible retrait et les cuissons basse température (1100°c), ne me donnait pas vraiment satisfaction dans la production que je désirais réaliser. J'utilise maintenant principalement la porcelaine. Cette terre est très agréable au toucher, elle est crémeuse. Sa blancheur me permet le travail à l'engobe. Elle se ferme complètement à la cuisson allant même jusqu'à la vitrification (qui se fait généralement à partir des 1260°c), ce qui permet l'obtention d'objets hermétiques, très solides, translucides pour les céramiques que je voulais fines. Elle est aussi très nerveuse, elle accentue à la cuisson la manière dont on travaille : un travail manuel brutal et un séchage rapide déformera la pièce, un travail léger et un séchage lent la rendra régulière, uniforme, ce sont des possibilités supplémentaires pour personnaliser ses créations en jouant avec, elle reflète aussi l’humeur du jour, nos maladresses autant que nos prouesses.
Je travaille aussi le grès, avec lequel j’ai obtenu il y a peu de temps de belles surprises, qui me donne l’envie d’approfondir afin de savoir jusqu’où mes mains emmèneront mes yeux.

la haute température:

Je cuis à haute température, il y a pour chaque pièce en général deux cuissons, une première à 980°c que l'on nomme "dégourdi" (montée progressive de 10 heures), puis une deuxième à 1280°c voir 1300°c (montée progressive de 17 heures). Avant la deuxième cuisson, je procède à un émaillage. Comme je ne trouvais pas vraiment de satisfaction à émailler (impression que l'on applique un peu une couleur à l'aveugle), je me suis intéressé alors rapidement à l'engobage qui se travaille lui en atelier avec un résultat visuellement plus parlant et donc plus évolutif. Les pièces engobées sont ensuite émaillées en transparent avant la dernière cuisson.
"Le moment de la décoration à l'engobe est le plus exaltant. Après avoir choisi mes couleurs, j'applique l'engobe en fonction de mon humeur, de mes envies, le résultat est souvent surprenant puisque l'engobe ne révèle ses vraies couleurs qu'après la dernière cuisson à 1300°c".

une dichotomie permanente:

Mes créations sont souvent marquées par la dichotomie, avec les alternances de parties lisses et de parties brutes et marquées, les alternances de belles courbes, et d’imbrications et les alternances du brillant et du mat.


Terres de l'Est - Eric PAHON